La naissance

La future maman va vaquer à ses occupations, sans rien y changer, jusqu’à ce qu’elle soit sur le point d’accoucher. Alors seulement elle s’alitera et, à l’aide de la mère-sage (sage-femme) s’il s’en trouve une au village, assistée des voisines, elle pourra mettre son petit au monde. Les hommes n’ayant pas droit de cité dans la pièce où se déroule le travail, le père attendra la délivrance à l’extérieur.

Le nouveau venu sera débarbouillé grossièrement, à l’aide de chiffons, puis emmailloté bien serré, laissé longtemps dans la crasse car on pensait alors qu’elle protégeait des maladies.

La nouvelle maman, devenue impure puisque porteuse du péché originel (elle a fauté pour avoir eu des relations sexuelles même dans le mariage), n’aura pas le droit de passer le seuil de sa propriété avant 40 jours. Alors seulement, le temps des Relevailles étant arrivé, elle pourra retourner à l’église et rendre les visites que sa famille, ses amis et ses voisins lui auront faites précédemment.

Lorsque l’accouchement se passe bien, le bébé sera (pour les catholiques) emmené à l’église pour y être baptisé dans les heures qui suivent sa naissance, le lendemain s’il est né en fin de journée ou dans la nuit, et ce quelles que soient la météo et la température extérieure. Il arrive d’ailleurs que des nouveau-nés bien portants meurent de froid durant le trajet qui peut-être assez long.

Lorsque la naissance se passe mal, ce qui est relativement fréquent, la mère-sage ou tout autre personne habilitée va ondoyer l’enfant, parfois même lorsqu’il n’a " qu’un pied dehors du ventre de sa mère " comme trouvé sur plusieurs actes. L’âme d’un enfant mort-né est condamnée à errer dans les " limbes " et le corps est enterré hors des limites du cimetière, le péché originel dont le nouveau-né est porteur –eh oui ! ! !- ne pouvant être effacé que par le baptême qui lui-même ne peut être fait que s’il y a un souffle de vie.

Les enfants qui survivent à l’accouchement ou en bas-âge (50% env.) sont constamment menacés. Un enfant sur trois meurt avant 5 ans et seulement un sur deux parvient à l’âge de 20 ans.

 

La mère-sage

Ou matrone n’a suivi aucune formation particulière. Elle s’est souvent formée auprès d’une plus ancienne et a appris son métier au fil des accouchements qu’elle a pratiqués.

Les garanties qui lui sont demandées sont religieuses et morales. Elle est donc nommée par le curé qui lui impose un serment public prononcé dans l’église :

" Je jure et promets à Dieu en votre présence de vivre et de mourir dans la foi catholique, apostolique et romaine, de m’acquitter avec le plus d’exactitude et de fidélité qu’il me sera possible de la charge que j’entreprends d’assister les femmes dans leurs couches et de ne jamais permettre que ni la mère ni l’enfant courent aucun risque par ma faute. Et où je verrai un danger pressant d’user du conseil et des lois du chirurgien et des autres femmes que je connaîtrai entendues et expérimentées en cette fonction "  (1754)

 

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