La médecine de nos aïeux

Le médecin

Le médecin est un lettré. Après avoir suivi les cours du collège, il entre à l'Université et suit, en latin, un enseignement qui lui apprend les fondements théoriques de la médecine, en grande partie hérités de l'Antiquité.

Au XVIIIème siècle, ne consulte pas le médecin qui veut. Pour les ruraux, le médecin est d'abord un urbain. Pour aller consulter, il faut entreprendre un déplacement qui s'effectue à la vitesse des chevaux ou de la marche........ Du temps de travail perdu. Mais c'est aussi le coût de la consultation qui retient le client : un journalier dans les campagnes ou un ouvrier en ville gagne de 10 à 30 sous par jour, alors que la consultation du médecin à son domicile revient à environ une livre (soit 20 sous). Au mieux, elle équivaut donc à près d'une journée de travail ! D'ailleurs, il n'est pas encore dans les habitudes des milieux populaires, en cas de maladie ou d'incident, de consulter un professionnel de la santé.

L'examen du patient

Les a priori culturels des hommes de l'époque moderne (XVème - XVIIIème siècle) expliquent en grande partie la manière dont le médecin envisage sa profession au quotidien. La médecine est un art libéral, nettement distinct des fonctions manuelles, jugées viles. Dans l'exercice de son métier, le licencié ou le docteur conserve ainsi un rapport distant avec son malade. Il ne le touche que très peu et il ne pratique sur lui aucun acte manuel, qui relève le plus souvent du chirurgien.

Pour établir son diagnostic et sa prescription, le médecin écoute et observe. La consultation médicale, au domicile du médecin ou du malade, est généralement assez longue. Le professionnel interroge sur les symptômes, puis observe.......... Il regarde la langue, les dents, les yeux, la peau et, surtout, examine les urines : après les avoir déposées dans un flacon transparent (l'urinal), le médecin en détaille la couleur et la transparence, il apprécie la présence ou l'absence d'écume, puis en étudie l'odeur et, parfois, la goûte du bout d'un doigt pour en déceler l'éventuel caractère sucré. A ces examens s'ajoutent souvent l'observation des selles ou du sang et, particulièrement au 18ème siècle, une prise de pouls (que l'on commence à compter).

L'examen médical ne va pas plus loin. Il paraît indécent, ou tout au moins indigne, de palper longuement le malade et il n'est pas encore dans les habitudes d'ausculter ou de surveiller l'évolution de la température.

Le chirurgien

Pour connaître le chirurgien des 16ème-18ème siècles, il faut se défaire de l'image que notre siècle attache à cette profession. A l'époque, le chirurgien n'est pas un médecin spécialiste, mais un modeste praticien qui a acquis l'essentiel de son savoir par l'apprentissage, puis l'expérience. Aux 16ème et 17ème siècles, il est d'ailleurs le plus souvent chirurgien-barbier, s'occupant à la fois des soins du corps et du rasage de ses clients, voire de l'entretien de leurs perruques. On le considère comme un travailleur manuel.

Dès le 18ème siècle c'est dans les principales villes du pays de l'on rencontre les "chirurgiens de grande expérience". Après des études théoriques poussées qui ont pu aller jusqu'au doctorat, suivies d'un apprentissage, ils se sont soumis à une série d'épreuves devant leurs pairs. Ils intègrent ensuite, en tant que "Maîtres", la communauté de chirurgiens de leur choix.

Les chirurgiens des villes et bourgs sans communauté sont dits "de petite expérience". Même si, au 18ème siècle, ils ont suivi quelques cours, ils ne disposent pas d'une formation théorique approfondie. En 1789 encore, particulièrement dans les campagnes, nombre d'entre eux exercent sans jamais avoir été reçus par une communauté (de chirurgiens).

Pourtant, sans ces chirurgiens de campagne, la population se retrouverait bien seule face aux accidents ou à la maladie. Ces professionnels, qui très longtemps continuent d'être barbiers, dispensent leur savoir pratique à un prix accessible, établi en fonction des possibilités des uns et des autres. A la ville et à la campagne, le chirurgien est ainsi le premier professionnel de la médecine officielle auquel on fait appel.

La pharmacopée

Du 16ème au 18ème siècle, la pharmacopée reste dominée par les plantes, dont les vertus sont parfois connues depuis l'Antiquité. Souvent transformées en potions, en huiles ou en sirops, elles soignent des maux divers, avec plus ou moins d'efficacité, faute de pouvoir extraire les principes actifs des herbes et fleurs.

L'un des breuvages les plus connus, que l'on trouve dans chaque apothicairerie, est la "thériaque", un mélange de nombreuses plantes dominé par l'opium, qui apaise et endort. C'est l'un des remèdes miracles de l'époque moderne (15ème-18ème siècle), l'un des classiques pharmaceutiques puisqu'il est censé agir contre toutes les maladies contagieuses : "Peste, fièvres malignes, petite vérole, morsure des bêtes venimeuses, poison de la cigüe, du napellus (....) On s'en sert pour l'asthme, les fièvres intermittentes, la paralysie, l'apoplexie, l'épilepsie, la léthargie, les maladies hystériques"..... Une panacée ! On l'abandonne pourtant au 19ème siècle.

Mais la pharmacopée de l'époque ne repose pas tout entière sur les plantes. Les animaux aussi sont mis à contribution pour la fabrication d'onguents, de pommades, d'huiles ou de breuvages. A la fin du 17ème siècle, certains sont employés en entier comme "les scorpions, les grenouilles, les vers, les cloportes, les petits chiens, les fourmis, les cantharides, les lézards......". Contre la sciatique ou la paralysie, on prescrit en effet de "l'huile de petits chiens" à base de chiots nouveaux-nés, de vers de terre et d'huile, le tout cuit au bain-marie. Contre les foulures, on prescrit l'huile de vers.....

C'est dans la première moitié du 17ème siècle que les Jésuites rapportent du Pérou le quinquina dont l'écorce soigne les fièvres. Dans les années 1680, un marchand français ramène du Brésil la racine de l'ipécacuana, aux vertus vomitives, qui se révèle efficace contre certaines dysenteries. Au siècle suivant, William Withering, médecin anglais, apprend d'une paysanne l'efficacité des feuilles de digitale contre les problèmes cardiaques.

D'autres produits ont une histoire moins glorieuse, même si leur succès est assuré pendant l'ensemble des 16ème et 18ème siècles. Il en va ainsi du mercure que l'on utilise, surtout depuis Paracelse, pour soigner les maladies vénériennes, au premier rang desquelles vient la vérole tant redoutée (appelée aussi grosse vérole pour la distinguer de la petite vérole ou variole). On utilise aussi le fer contre l'anémie, le sulfate de cuivre ou de zinc contre les maladies de la peau.... Mais tout cela reste bien dérisoire !

Sources : Nos Ancêtres - vie & métiers - dossier Médecins et Chirurgiens

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