Extrait de l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539
C’est parmi la classe sociale de la noblesse que débuta l’adjonction du nom de la terre, et ce sont ces surnoms qui devinrent héréditaires les premiers. Du Xème au XIIème siècle, la proportion des surnoms nobles (noms de terres) enregistrés par les actes est trois ou quatre fois plus importante que celle des surnoms roturiers. L’hérédité du surnom commence donc par les nobles, pour gagner, par contagion sociale, la bourgeoisie des villes, puis de la campagne.
Cette hérédité du surnom, si elle fut honorifique chez les nobles, devait l’être sans doute beaucoup moins chez les roturiers, qui ont subi le surnom plus qu’ils ne l’ont recherché. En effet, les nombreuses désignations ironiques et péjoratives ne pouvaient être un sujet de fierté.
A quelles époques les surnoms sont-ils devenus héréditaires ?
De manière générale, même si des écarts s’observent suivant les régions, l’évolution a été progressive et a pu s’échelonner sur plusieurs siècles. Géographiquement, le mouvement est parti d’Italie centrale et septentrionale, il a gagné la France du Midi puis du Nord pour pénétrer en Allemagne par la région rhénane. Les surnoms étaient certainement plus nécessaires à la ville, où les individus portant le même nom étaient plus nombreux, et où le besoin du nom de famille se faisait sentir davantage chez les citadins pour identifier les groupe familiaux.
La législation a joué un rôle capital : c’est elle qui a fixé définitivement les noms. Les registres d’état civil, tenus par les curés, apparaissent en Italie dès la fin du XIVème siècle. François Ier a rendu obligatoires les premiers registres, par l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 ; ils fixaient ainsi les noms de familles dans toutes les possessions du Roi de France, car les noms de baptême étaient accompagnés du nom de famille. Cette prescription fut étendue à toute la chrétienté par le Concile de Trente (1563) pour les registres de baptême et de mariage.
L’hérédité du surnom pour devenir nom de famille s’est établie sur plusieurs siècles et fut accompagnée par des décisions législatives tout au long de l’Ancien Régime et dans les premières années qui suivirent la Révolution française.
Source : magazine Votre Généalogie - Elisabeth Peckeu